Journal du Luxe, décembre 2025

Entre technologies immersives et matières sensorielles, la presse et l’édition se redéfinissent pour captiver un lectorat en quête d’expérience.
Dans un monde saturé de notifications, lire un magazine relève presque du luxe. Ce geste lent, tangible, devient rare et précieux. Depuis les années 1970, certaines publications ont déjà élevé le print au rang d’objet d’art. Des titres comme Égoïste, Visionaire ou Le Monde d’Hermès ont tracé la voie à une forme d’édition imprimée exigeante, conçue comme manifeste culturel ou objet de collection.
Aujourd’hui, cette tradition renaît et se réinvente. Grâce aux papiers de création, aux encres interactives, aux finitions sensorielles, mais aussi aux ponts établis avec le digital (QR codes, puces NFC, réalité augmentée) le magazine devient un terrain d’expérimentation créative.
À la croisée de l’artisanat, de la technologie et de la narration, le print s’impose comme un médium vivant. Un espace où l’intelligence sensible s’imprime pour durer.

Premier levier d’innovation : la technologie. QR codes intelligents, réalité augmentée (AR), puces NFC ou RFID… les pages imprimées s’ouvrent sur des mondes invisibles. En scannant une double page, le lecteur peut accéder à une interview exclusive, à la bande-son d’une campagne, voire à une visite virtuelle du studio ou des ateliers. Le magazine se transforme alors en porteur d’histoires augmentées.
Le magazine Grazia, dans sa nouvelle formule, explore ces formats immersifs pour prolonger ses univers au-delà de la page. Le digital ne concurrence plus le papier : il le prolonge, il l’active.
Mais la magie du print passe aussi par le tangible. Le toucher, le poids, l’odeur du papier : autant de dimensions sensorielles qui créent un lien intime avec le lecteur. C’est ici que les encres spéciales et les papiers de création entrent en scène. Encres thermosensibles qui révèlent un message à la chaleur des doigts. Encre UV ou phosphorescente, qui joue avec la lumière pour faire apparaître un motif caché. Papier embossé, texturé, minéral, recyclé ou parfumé… Le magazine devient alors objet d’éveil, presque de collection.
C’est dans cette veine que la maison Loewe conçoit ses magazines papier, comme une véritable expérience de matières et de textures, faisant de chaque page une invitation tactile. Ces choix racontent l’attention au détail, l’art du geste, le sur-mesure. Autant de codes longtemps réservés au luxe, qui gagnent désormais de plus en plus la presse grand public en quête de revalorisation.
Autre tendance de fond : la scénarisation du parcours de lecture. On ne tourne plus les pages au hasard. On explore. On découvre. On est guidé par des pistes, des invites, des clés de lecture.
Certains magazines de mode, comme Mixte, proposent plusieurs couvertures pour un même numéro afin de créer de la désirabilité, toucher différents publics et transformer chaque cover en objet de collection. D’autres, à l’instar de Flow, adoptent des formats à lectures multiples : façon carnet de voyage, carte à déplier, ou chapitre à assembler. D’autres cachent des messages cryptés, activables via une lampe UV fournie avec le magazine ou visibles uniquement à l’aide d’un calque coloré. On y trouve aussi des posters détachables ou encore des cartes illustrées à découper, à collectionner ou à envoyer. Une tendance qui surfe sur la nostalgie des fanzines des années 80 et 90 ! Dans son tout premier numéro en version française, Nylon glissait une planche de stickers logotypés, une manière astucieuse de prolonger la visibilité de sa marque sur une multitude de supports, bien au-delà des pages du magazine.
Ce jeu de piste éditoriale permet de reconnecter avec une notion-clé : le temps long. Lire un magazine devient une aventure, un rituel lent et profond, à contre-courant de la consommation rapide de contenu.
Le magazine dépasse désormais sa simple vocation informative pour se muer en véritable objet d’art. Certaines publications prennent la forme d’éditions très limitées, numérotées, parfois même signées, à l’image du Magazine Arts & Culture de Chanel, sorti à l’été 2025. Les collaborations avec des artistes, designers ou artisans transforment ces supports en pièces hybrides, à la croisée de l’édition et de la sculpture.
On ne jette pas un tel magazine : on le conserve, on l’expose. Il devient un vecteur de branding puissant, en même temps qu’un manifeste visuel.
En réalité, ce renouveau du print révèle un mouvement plus large : celui d’une hybridation entre matière et mémoire, entre technologie et émotion. Il ne s’agit plus de produire un support, mais de concevoir une expérience totale, où chaque détail compte.
Dans cette perspective, le magazine devient un outil stratégique de narration de marque : un espace où l’on met en scène des valeurs, des savoir-faire, une vision, en conjuguant tous les langages à disposition.
Et si l’avenir de la lecture passait par la renaissance du magazine ? Non pas comme support passif, mais comme catalyseur d’émotions, activateur de souvenirs, et signature tangible dans un monde dématérialisé. L’agence WANDS Paris, spécialiste reconnue de la communication et du conseil en développement de projets print, accompagne les marques dans cette réinvention du papier. Du concept à la fabrication, l’agence met son expertise au service de créations exigeantes, innovantes et mémorables.